Le syndrome de la duplication du gène MecP2
(
methyl CpG binding protein 2
) a été découvert en
2005
. Le gène MECP2, lorsqu'il est déficient ou altéré, cause le syndrome de RETT alors que la duplication de ce gène est responsable d'une affection différente, il affecte principalement les garçons. Sa duplication entraine un trouble sévère du développement neurologique caractérisé par :
- Une hypotonie infantile,
- Un retard mental sévère,
- Un retard moteur important,
- Retard des acquisitions,
- Un developpement pauvre du langage, voire absence totale,
- Une spasticité progressive,
- Des infections respiratoires récurrentes, otites, sinusites,
- Des formes d'épilepsies sévères dans 50 % des cas,
- Dysfonctionnement gastro-intestinal, constipation et/ou reflux.
A ces caractéristiques principales, il convient d'ajouter les signes suivants :
- Comportements autistiques,
- Hypersalivation,
- Ataxie (Incoordination des mouvements)
- Mouvements stéréotypés des mains, grincement des dents,
- Retard de la croissance,
- Faible taille des pieds et mains,
- Perte des dents de lait tardive,
- Apnées du sommeil,
- Livido (réseau veineux visible sous une peau fine),
- Régression du développement chez certains garçons,
- Strabisme ou amblyopie (
différence d'acuité visuelle entre les yeux
).
Cette liste n'est malheureusement pas exhaustive du fait que cette anomalie a été recemment découverte et non complétement décrite. Selon l'emplacement de la duplication ces caractéristiques sont plus ou moins atténuées voire inexistantes.
Le syndrome MECP2 est généralement causée par la duplication de l'ADN sur la région du chromosome Xq28 (28eme partie du bras long du chromosome X). La plupart des enfants atteints par cette pathologie ont hérité de la duplication MECP2 d'une mère porteuse (95%) et dans 5% des cas la duplication est spontanée (de novo). On note aussi une description de triplication. Si la mère est porteuse, le risque de transmission à chaque grossesse est de 50%. Les filles qui héritent de l'anomalie restent des porteuses asymptomatiques. Des tests prénatals pour les grossesses à risque sont fortement conseillés si un membre de la famille a été touché par le syndrome de duplication MecP2.
L'importance et le lieu de la duplication jouent également un rôle important sur la variété des pathologies rencontrées.
La duplication Mecp2 n'est pas une maladie neurodégénérative
inéluctable comme le
syndrome de RETT.
Les problèmes d'occlusion sont dus à la duplication du gène voisin de MECP2 (
FLNA
- Filamine).
Un autre gène est également responsable de désordre :
Irak1
. Selon certaines études, ce gène serait responsable d'un déficit immunitaire et d'une grande fragilité pulmonaire.
La région
Xq28
contient plusieurs gènes dont le MECP2 et IRAK1, GDI1, FLNA, L1CAM, IDH3G. Le début et la fin en double (points d'arrêt) varient entre les individus. La constatation est désormais établie que la duplication du gène MecP2 joue un rôle important dans les troubles du système nerveux. Des souris génétiquement modifiées avec 2 fois le niveau normal de la proteine MecP2, développent les caractéristiques du syndrome de duplication. Ces études démontrent bien que MecP2 (plutôt que d'autres proteines) est le coupable de cette anomalie. MecP2 a aussi un autre effet : Plus la proteïne est produite, moins les patients ressentent la douleur.
Certains enfants présentent également des anomalies (duplication) sur le chromosome
Xq26.3
comprenant 23 gènes.
Les filles peuvent présenter le même syndrome que les garçons lorsque la duplication est transportée vers un autosome (chromosome non sexuel). Dans ce cas uniquement, la mauvaise copie n'est pas soumise à l'inactivation du chromosome X. Une dizaine de cas est relevée en France.
En France, on dénombre une centaine de cas
. Il est raisonnable d'estimer entre 5 à 10.000 enfants atteints dans le monde. L'évolution des techniques de
diagnostic génétique devrait conduire à un diagnostic plus précoce et plus important.
En terme d'espérance de vie, différentes études démontrent une mortalité importante vers la vingt-cinquième année. Ce n'est pas la duplication qui en est la cause mais les pathologies (infections respiratoires principalement) qui en sont responsables. Nous avons aussi rencontré des porteurs de l'anomalie de plus de 40 ans.
Aujourd'hui des équipes médicales entament des recherches actives sur ce syndrome un peu partout dans le monde et principalement aux USA. L'annonce de la reversibilité du syndrome a suscité de nombreux espoirs dans toutes les familles touchées par cette anomalie. Il faut cependant tempérer cet élan car ce n'est qu'un début... Les souris génétiquement modifiées ne sont pas des humains et les essais thérapeutiques sur des patients peuvent s'avérer négatifs et cette étape prendra du temps avant de pouvoir envisager la fabrication d'un ou plusieurs médicaments ! Cette annonce est certe fantastique mais nous devons prendre conscience que même si celà est un pas de géant, un traitement ne sera pas disponible avant de longues années. Le temps de la recherche et de la science n'est pas le temps du patient.
La recherche sur le
syndrome de RETT
a profité à la recherche sur la
duplication MecP2
et le rapprochement des deux équipes de chercheurs aux USA a permis des résultats probants et spectaculaires tout en démontrant l'extrême complexité de cette anomalie.
Enfin je souhaitais m'adresser aux
médecins
en leur demandant la plus grande vigilance lorsqu'ils prennent en charge un enfant Mecp2. Les premiers signes d'une pathologie doivent être pris avec
la plus grande attention
! Une simple bronchite chez un enfant "normal" se transforme TRES RAPIDEMENT en une pneumopathie très sévère avec parfois un syndrome de détresse respiratoire aigu... Attendre 24 ou 48 h pour voir comment va évoluer la maladie équivaut à perdre beaucoup de temps. Les
complications arrivent très vite
et peuvent prendre une mauvaise tournure. Par expérience, il faut
agir rapidement
et fortement. Bon nombre de vos confrères se "sont fait avoir" et n'avaient jamais imaginer au préalable, les conséquences d'un attentisme.
Cet avertissement vaut également pour les
parents
!
N'attendez pas
en cas de fièvre prolongée, d'encombrements pulmonaires ou difficultés respiratoires, d'un rythme cardiaque élevé (>120), d'une absence de selles depuis plus de 48 heures avec une présence de diarrées (
selles liquides, fausses diarrées
), d'un état neurologique perturbé (
répétition de crises convulsives, absences prolongées, areactivité
) ...
Consultez sans attendre
! Selon le vieil adage, il vaut mieux prévenir que guérir.
Mars 2017